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5 septembre 2024

L’évolution de la perception du handicap à travers les âges

Comment les perceptions du handicap ont-elles évolué au fil des siècles ? Que cela révèle-t-il sur notre société actuelle ?

Depuis des siècles, la perception du handicap a profondément évolué. Ce qui était autrefois considéré comme une malédiction ou une punition divine est aujourd’hui reconnu comme une caractéristique inhérente à la diversité humaine.

Happy’MR vous propose un voyage dans le temps pour découvrir comment le handicap a été perçu et traité à travers différentes époques, de l’Antiquité à nos jours.

Triptyque montrant l'Hôtel Dieu à Paris, vers 1500 après J.-C. © auteur inconnu_Wikimedia Commons

La perception du handicap dans l’Antiquité

Dans les sociétés anciennes comme celles de la Grèce, de Rome ou de l’Égypte, le handicap était souvent vu sous un prisme religieux ou culturel.

Les Grecs, idéalisant le corps parfait, marginalisaient et rejetaient les personnes handicapées, les voyant souvent comme des signes de malédiction. En revanche, en Égypte ancienne, certaines conditions physiques étaient perçues comme des manifestations divines.

Cependant, la vision n’était pas uniforme. Certaines sociétés, comme celle d’Égypte, pouvaient voir le handicap sous un angle plus spirituel. Elle associait parfois certaines conditions physiques à un lien particulier avec le divin. Comme si le corps handicapé n’était pas terminé et le serait dans l’au-delà.

Dans l’Antiquité, les personnes handicapées étaient rarement intégrées dans la société. Elles étaient d’ailleurs fréquemment exclues des activités quotidiennes. De plus, les soins étaient rudimentaires à cette époque. Et la compréhension médicale du handicap était limitée, se basant souvent sur des croyances ou des superstitions.

Néanmoins, certaines figures mythologiques ou historiques qui présentaient des handicaps (Horus, Bès, Ptah-Patèque…) pouvaient être vénérées ou craintes. Cela montre une certaine ambivalence dans les perceptions de l’époque.

Le Moyen Âge : entre charité et superstition

Au Moyen Âge, la perception du handicap a été fortement influencée par l’Église chrétienne. Le handicap était souvent interprété comme une épreuve envoyée par Dieu, un signe de péché ou de malédiction. D’ailleurs, les personnes handicapées étaient fréquemment perçues comme des âmes en quête de rédemption. Cette vision duale du handicap, oscillant entre charité et superstition, a marqué l’ensemble de la société médiévale.

Ainsi, l’Église jouait un rôle central dans la prise en charge des personnes handicapées. Les hôpitaux et les asiles, généralement gérés par des ordres religieux, offraient un refuge. Par exemple, les Ordres Hospitaliers, comme les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (plus tard appelés les Chevaliers de Malte), ont été parmi les premiers à offrir des soins aux malades, aux blessés et aux personnes en situation de handicap. Ces institutions étaient des lieux où la charité chrétienne s’exprimait. Cependant, les conditions de vie y étaient parfois difficiles.

C’est à cette époque que les hôtel-Dieu, destinés à accueillir invalides et mendiants, ont commencé à émerger. L’Hôtel-Dieu de Paris, fondé en 651 par l’évêque Saint-Landry, témoigne du rôle de l’Église dans l’accueil des personnes en situation de handicap. Pourtant, malgré cet engagement, l’intégration sociale de ces personnes restait limitée.

Certaines figures religieuses, comme Saint Louis, roi de France, ont influencé la perception du handicap par leur compassion envers les malades et les pauvres. Cependant, malgré ces actions, la charité chrétienne, souvent teintée de condescendance, n’a pas supprimé l’exclusion sociale des personnes handicapées. La société médiévale a certes posé les bases d’une solidarité naissante, mais celle-ci restait marquée par l’isolement des plus vulnérables.

La Renaissance et les Lumières : premiers pas vers la compréhension scientifique

La Renaissance a marqué un tournant dans la perception du handicap. Avec le renouveau des arts et des sciences, la compréhension du handicap a commencé à inclure des aspects liés à l’inclusion des personnes handicapées. Le handicap n’était plus seulement perçu comme une punition divine, mais aussi comme une condition pouvant être étudiée, comprise et traitée. Les médecins et les philosophes de l’époque ont d’ailleurs commencé à s’intéresser à l’anatomie et aux causes des handicaps. C’est ainsi qu’ils propulsèrent les bases d’une approche plus rationnelle.

Le médecin italien Gerolamo Cardano a notamment joué un rôle important au XVIe siècle. Il a tenté d’expliquer certaines formes de handicap par des causes naturelles plutôt que mystiques.

L’époque des Lumières a renforcé cette tendance. L’esprit de la raison et du progrès a poussé les sociétés européennes à repenser leur approche du handicap. C’est durant cette période que les premières initiatives d’éducation et de réhabilitation pour les personnes handicapées ont vu le jour.

Prenons l’exemple de l’Abbé Charles-Michel de l’Épée. Cet illustre personnage a révolutionné l’éducation des personnes sourdes en France. En effet, il est à l’origine de la création de la première école gratuite pour sourds et muets à Paris en 1760 : l’Institution Nationale des Sourds-Muets.

Ou encore Valentin Haüy, qui a créé la première école pour les enfants déficients visuels en 1786 à Paris : l’Institution des Enfants Aveugles.

Leur travail a posé les bases de l’éducation spécialisée et a marqué un tournant dans la reconnaissance des droits des personnes handicapées.

Cette période marque également un changement dans le vocabulaire utilisé pour désigner le handicap. Alors que les termes religieux et superstitieux dominent encore, un glissement vers un vocabulaire plus médical et scientifique commence à apparaître.

ancienne gravure pour représenter la perception du handicap à travers le temps

Les 19e et 20e siècles : vers une inclusion progressive

Le 19e siècle a marqué une période de transition importante, avec une première prise de conscience sociale et médicale du handicap.

La révolution industrielle, tout en transformant les sociétés européennes, a accentué l’exclusion des personnes handicapées. En effet, elles étaient souvent perçues comme inadaptées au nouvel ordre économique. Cette période a d’ailleurs vu l’émergence de nouvelles formes de handicap, notamment à cause des accidents de travail dans les usines.

Le 20e siècle a été marqué par les deux guerres mondiales. Elles ont entraîné une prise de conscience accrue du besoin de réhabilitation et de réintégration des nombreux blessés de guerre. Par exemple, en France, l’Association Générale des mutilés de la guerre, créée en 1915 pour défendre les intérêts de ces derniers et de leur famille. Elle a offert un soutien financier et des services de réadaptation aux vétérans.

C’est d’ailleurs à l’issue de la seconde guerre mondiale que les Jeux Paralympiques trouvent leurs racines. En effet, des compétitions ont commencé en 1948 aà Stoke Mandeville, organisées pour des vétérans de guerre paraplégiques. Ces événements ont évolué jusqu’aux premiers Jeux Paralympiques en 1960 à Rome. Des faits marquant un tournant historique pour l’inclusion des personnes handicapées dans le sport international. Vous pouvez en savoir plus sur leur histoire sur le site des Jeux Paralympiques.

Les mouvements pour les droits des personnes handicapées ont émergé de manière significative après la Seconde Guerre mondiale, en particulier dans les années 1960 et 1970. Ces décennies ont introduit une nouvelle approche : celle de l’intégration.

Les personnes handicapées ont commencé à revendiquer leurs droits à une vie normale. Leurs souhaits : inclure l’éducation, le travail et la participation sociale. Des lois, telles que la Loi d’Orientation en faveur des personnes handicapées de 1975 en France, ont été adoptées pour promouvoir l’intégration sociale et professionnelle.

Au 20e siècle, avec la montée des mouvements pour les droits des personnes handicapées, le langage a lui aussi évolué. Les termes stigmatisants sont progressivement remplacés par des expressions reflétant la dignité et l’inclusion, comme ‘personne en situation de handicap‘.

Ainsi, les 19e et 20e siècles représentent une période charnière. Elle est marquée par une transition de l’exclusion à une reconnaissance progressive des droits des personnes handicapée. Tout en posant les bases des politiques d’inclusion actuelles.

Le Handicap aujourd’hui : de la reconnaissance à l’action

Aujourd’hui, la perception du handicap a évolué vers une meilleure inclusion. Les personnes handicapées sont désormais reconnues comme des individus à part entière, avec des droits et des talents. Cette transformation s’inscrit dans un contexte où l’égalité des chances et la non-discrimination sont devenues primordiales.

La ratification de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées en 2006, ainsi que la loi française de 2005 sur l’égalité des droits et des chances, ont marqué des étapes importantes. Ces textes obligent les États à garantir l’égalité des droits et l’inclusion sociale des personnes handicapées.

Cependant, la reconnaissance des droits ne suffit pas ; l’action est nécessaire. De nombreuses initiatives visent à éliminer les obstacles physiques, sociaux et culturels qui freinent encore l’inclusion. L’accessibilité, des espaces publics, des transports et des outils numériques, est devenue indispensable pour assurer une autonomie réelle. Et des efforts sont également faits pour favoriser l’inclusion scolaire et professionnelle, en développant des dispositifs adaptés et en sensibilisant les employeurs.

Quant à l’évolution des mentalités, elle demeure tout aussi importante. Les campagnes de sensibilisation, la représentation positive des personnes handicapées dans les médias et l’implication active des associations jouent un rôle clé dans la lutte contre les stéréotypes et les préjugés. La société réalise de plus en plus que le handicap n’est pas une limitation, mais une forme de diversité qui enrichit la communauté.

Cependant, malgré les progrès, de nombreuses difficultés persistent. Les inégalités en matière d’accès à l’emploi, d’éducation et de participation politique demeurent. L’inclusion est un travail de longue haleine qui nécessite un engagement constant. Si des progrès notables ont été réalisés, l’inclusion complète des personnes handicapées reste un objectif à atteindre.

 

L’histoire du handicap est celle d’une lente, mais constante évolution. De l’exclusion totale à la reconnaissance partielle, puis à une inclusion encore en construction, chaque époque a apporté sa pierre à l’édifice. Aujourd’hui, la route est encore longue, mais les progrès accomplis montrent qu’un avenir plus inclusif est possible. En comprenant cette histoire, nous pouvons mieux saisir les enjeux actuels et contribuer à un monde où chacun trouve sa place.

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Catégorie*: Handicap et société
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